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Expédition d'Henri d'Albano contre les hérétiques

Carte ancienne : Lavaur, Puylaurens, Castelnaudary
Carte ancienne : Albi, Réalmont, Castres, le cœur du Tarn

L'expédition du cardinal-légat Henri, évêque d'Albano, contre les hérétiques

Siège et prise de Lavaur (1181)

Il ne faut pas confondre ce siège de Lavaur avec celui de Simon de Montfort, qui aura lieu 30 ans plus tard, en 1211. À cette époque, la croisade n'est pas encore décidée. Il s'agit d'une opération ponctuelle ordonnée par le pape, dans le cadre d'une guerre entre le comte de Toulouse et le roi d'Aragon qui est lui-même allié avec le roi d'Angleterre. C'est cette guerre qui est évoquée dans le texte qui suit.

C'est semble-t-il aussi à cette occasion que selon l'auteur, le nom d'hérétiques albigeois est attribué à ceux que l'on appellera bien plus tard, les cathares


Les troubles que cette guerre causa dans la Province donnèrent occasion aux hérétiques de s'y fortifier sous la protection du vicomte Roger qui les favorisa, à ce qu'il paraît, plus par politique que par inclination pour leurs erreurs, dans le dessein de s'en servir contre le comte de Toulouse, leur ennemi et le sien. Ces sectaires se fortifièrent dans divers châteaux de son domaine d'où ils répandaient leur venin dans toute la Province. Le pape Alexandre III, informé de leurs progrès, résolut d'envoyer un légat dans le pays. Il choisit après le concile de Latran, pour cette commission, Henri abbé de Clairvaux, qu'il venait d'élever au cardinalat et à l'évêché d'Albano, et qui avait donné des preuves de ses talents et de sa capacité dans la mission qu'il avait faite à Toulouse, deux ans auparavant, avec le cardinal de Saint-Chrysogone. Henri se rendit bientôt après dans la Province, et nous avons des preuves qu'il exerçait sa légation dans le bas Languedoc, dès l'an 1180. Il persuada par la force de son éloquence à un grand nombre de catholiques de prendre les armes et de le suivre ; et ayant formé un petit corps d'armée il s'avança vers les domaines du vicomte Roger. Étant arrivé dans le pays, il y donna audience dans le château de Lescure, le 1er de juillet de l'an 1181, à l'abbé de Sainte-Croix de bordeaux, qu'il y avait ajourné avec l'abbé de Saint-Sever-Cap, pour les entendre sur les prétentions réciproques qu'ils avaient sur le monastère de Souillac.

Un historien du temps donne en cet endroit le nom d'albigeois<:span> aux hérétiques que le cardinal Henri alla combattre ; et c'est là le plus ancien mouvement que nous trouvons où on ait qualifié ainsi les sectaires qui causèrent tant de ravages dans la Province à la fin du douzième siècle et au commencement du suivant : mais il paraît que cet auteur ne leur donne ce nom, qui ne fut commun à tous que longtemps après, qu'à cause que le légat Henri commença sa mission par ceux qui étaient répandus dans le pays d'Albigeois où ils se maintenaient sous la protection du vicomte Roger. On ne marque pas les circonstances de l'expédition que le légat entreprit dans ce pays, et on se contente de nous apprendre qu'il alla quelque temps après mettre le siège devant le château de Lavaur, l'une des principales places de ce vicomte.

Raimond de Baimiac et Bernard Raimundi, ces deux chefs des hérétiques qui, après avoir été excommuniés à Toulouse, en 1178, par le cardinal de Saint-Ghrysogone, s'étaient réfugiés dans ce château, y avaient établi le principal siège de l'hérésie. Le cardinal Henri, après l'avoir investi, l'attaqua vivement. Les assiégés s'opposèrent de leur côté avec beaucoup de vigueur à tous ses efforts ; mais enfin Adélaïde de Toulouse, femme du vicomte, livra elle-même la place à ce prélat, qui s'en rendit maître, à ce qu'on assure par une espèce de miracle. On ne parle que d'un chevalier, nommé Raimond de Venoul, qui fut tué à cette expédition, après laquelle le vicomte Roger se soumit et promit avec les principaux du pays de renoncer entièrement à l'erreur. Henri l'obligea en même temps à lui remettre les hérétiques qui étaient à Lavaur dont les deux principaux chefs Raimond de Baimiac et Bernard Raimundi se convertirent et embrassèrent l'institut des chanoines réguliers ; ce dernier dans la cathédrale de Toulouse, et l'autre dans l'église de Saint-Sernin. On ajoute que le légat persuada aux autres d'abjurer leurs erreurs après les leur avoir fait connaître publiquement. Mais la conversion de ceux-ci ne fut qu'apparente, et il est certain que l'hérésie, au lieu de s'affaiblir, prit de nouvelles forces dans le pays.

Quelques historiens font entendre que le cardinal Henri étendit en 1181 sa légation dans la Gascogne, et qu'il réduisit les hérétiques autant par la force de sa prédication que par celle de ses armes. Nous apprenons d'ailleurs, d'une lettre d'Étienne de Tournay, abbé de Sainte-Geneviève de Paris, qui l'alla joindre alors dans la Province pour quelque commission dont le roi Philippe-Auguste l'avait chargé, que ce légat s'avança au delà de Toulouse, jusque vers les frontières d'Espagne. La description que fait Étienne dans cette lettre du triste état où il trouva le pays prouve que la guerre qui y était allumées entre le roi d'Aragon et ses alliés d'un côté, et le comte de Toulouse de l'autre, et qui y avait attiré une foule de brigands, l'avait mis dans une extrême désolation. « La crainte du danger éminent où je me trouve exposé, dit l'abbé de Sainte-Geneviève, par les courses des voleurs, des Cotereaux, des Basques et des Aragonais, fait que je supporte avec moins de peine les fatigues du long et pénible voyage que j'ai entrepris. Je suis l'évêque d'Albano par les montagnes et les vallées et au milieu des déserts. Je ne trouve partout que des villes consumées par le feu ou des maisons ruinées ; les périls qui m'environnent me rendent l'image de la mort toujours présente ; on m'assure que je trouverai ce prélat au delà de Toulouse, près des Espagnols,etc. »


 

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